c’est un tout petit
oiseau bleu
il est pétrifié devant
l’insistance du tonnerre
qu’il ne prévoyait pas
personne pour cueillir
sans autre loi
les cassis mordorés
mûris sur les pentes
du volcan sacré
circonspection sentimentale
la gracile silhouette
penche la tête au-dessus du pont
les larmes du couchant
s’écoulent lamentablement
deux animaux à corne
errent sur la route déserte
interdits et lents
les cloches tintent
sur un paysage neutre
la jeune fille accroupie
au bord de la crevasse
ne pense pas ne voit
que ses cheveux jaunes
sur son tablier d’écolière
qu’est-ce qui fait trembler
les hêtres asséchés
il n’y a pas de vent
pourquoi perdent-ils déjà
leur écorce d’argent ?
figure sur un polaroïd
une petite voiture
rouge restée
sur le parking où
elle brille intensément
comme un film muet
un groupe silencieux
s’est formé autour d’un poteau
il attend immobile
l’évacuation annoncée
|
le
petit chien abandonné
remue aussitôt la queue
qu’il entend
un moteur vrombir
derrière lui
face
à la caméra
enlève son masque
message : nous
nous sommes réunis
afin de protéger nos enfants
effet d’annonce
les prochains jeux
Olympiques sont invoqués
pour porter secours
aux enfants et leurs parents
il fait très chaud
nous portons des manches
longues des pantalons
et un masque blanc
par principe
ce que la vidéo
ne dira pas
la vitesse déliée
le ralenti imposé
un agrandissement volontaire
l’image tremble
le geste est hésitant
chute d’objets
l’homme filme
une femme à terre
que faire à présent
de toute cette eau
les cuves sont pleines
et personne ne le voit
sur la réverbération des écrans
|